La famille des cichlidés appartient au sous-ordre des Labroidei, qui compte aussi des familles comme les Pomacentridae (poisson clown) ou les Scaridae (poisson perroquet).
Elle comporte plus de 200 genres principalement présents en Afrique, en Amérique centrale et en Amérique du sud. Quelques espèces se retrouvent également en Asie du sud-ouest.
Les poissons de cette famille sont très appréciés des aquariophiles, en particulier ces spécimens amazoniens (Apistogramma, scalaire, discus) et africains (brichardi, pelmato).
Le ‘Cichlid Room Companion’, centre internet d’information sur les cichlidés, répertorie 1.664 espèces acceptées et décrites et 578 espèces potentiellement non décrites, ce qui en fait l’une des familles de poissons les plus fournies avec les Cyprinidae et les Characidae. De nombreuses espèces sont encore découvertes chaque année, en particulier dans certaines régions reculées d’Afrique et en Amazonie. Le Krobia petitella et le Teleocichla T. wajapi on été décrits durant le premier semestre 2013. La famille pourrait compter jusqu’à 3.000 espèces.
Les cichlidés ont colonisé de nombreux biotopes, s’implantant dans des niches écologiques variées, parfois extrêmes. Ce sont des poissons territoriaux qui peuvent être agressifs avec d’autres espèces surtout s’ils manquent de place pour évoluer. Certaines espèces de cichlidés cohabitent mal ensemble, en particulier les cichlidés de biotopes différents ou les poissons de grande taille (Cichla, discus, oscar…).
Les cichlidés sont des poissons de caractères qui peuvent parfois manger les plantes ou les terrasser. Inutile de monter un aquarium planté avec des cichlidés herbivores. Certaines espèces comme le Labidochromis flavigulis creusent leurs nids dans le sol.
Les cichlidés sont réputés pour leurs couleurs chatoyantes d’une grande beauté et pour leur comportement atypique. Ils ont la particularité de posséder une unique nageoire dorsale qui s’étend de la base de la tête à la queue.
Leur taille est très variable, d’environ deux centimètres pour une femelle Neolamprologus multifasciatus, elle peut atteindre plus d’un mètre pour les spécimens des genres Cichla et Cichlasoma (tucunaré, umbriferum, cichlidé étendard). Ces dernières espèces font partie des grands prédateurs de leurs biotopes.
Les cichlidés sont des poissons passionnants en période de reproduction. Ils ont la spécificité de s’occuper de leur ponte puis de leurs alevins. Ils pondent en couple et restent généralement fidèles à leur partenaire. Certains déposent leurs œufs sur une feuille, ou une racine, sur substrat découvert, d’autres se cachent dans un creux ou dans une cavité. Certains paradent longuement avant l’accouplement. Une fois les alevins nés, il est fréquent de voir leurs parents les protéger avec grand acharnement, quitte à les prendre en bouche pour les mettre à l’abri.
Afrique
L’Afrique possède un grand nombre de Cichlidae endémiques. La sous-famille Pseudocrenilabrinae comptent 153 genres de Cichlidae, tous africains.
Les grands lacs d’Afrique centrale en sont particulièrement bien fournis. Le Malawi compte à lui seul environ 800 espèces majoritairement endémiques dont les Labeotropheus ou les Pseudotropheus. Le lac Tanganyika compte au moins 250 espèces dont les Néolamprologus, les Tropheus, les Altolamprologus ou encore les Julidochromis.
Le plus grand lac d’Afrique, le lac Victoria a connu une réduction importante de ses espèces endémiques de pleine eau à la suite de la surpêche et de l’introduction de plusieurs prédateurs invasifs dont la perche du Nil. Le lac souffre aujourd’hui de l’expansion de la jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) qui conduit à l’eutrophisation de certaines zones. Des estimations partielles font état de la disparition avérée d’au moins 30 espèces (Haplochromis argens, Haplochromis aelocephalus, Haplochromis apogonoides, Haplochromis dentex, Haplochromis dichrourus…). L’inventaire de la faune du lac n’ayant jamais été finalisée, il est possible que de nombreuses espèces supplémentaires aient disparues ou soient menacées.
Hors des grands lacs se trouvent de nombreux autres spécimens généralement moins médiatisés comme les Cichlidae de type Hemichromis (cichlidé Joyau) qui sont présents dans la plupart des bassins hydrauliques de la Mauritanie à l’Ethiopie. Quelques espèces sont présentes en Egypte dans le lac Manzalah. Au Nigéria et au Cameroun se trouvent les espèces du genre Pelvicachromis, les pelmato ou les taeniatus, des poissons communs fréquemment rencontrés chez les aquariophiles. La savane africaine et les forêts tropicales du Congo comptent de nombreuses espèces localisées comme l’Etia nguti, seul représentant de son genre, ou les Benitochromis, endémiques des rivières de Guinée équatoriale.
Quelques genres évoluent également dans le fleuve Congo comme les Steatocranus (Cichlidé Tête De Lion), les Nanochromis ou les Congochromis plus rares en aquarium.
L’île de Madagascar compte quant à elle 35 espèces de Cichlidae endémiques dont les Paretroplus qui constitue un genre unique au monde.
Les effectifs de ces espèces sont en nette régression voire en voie critique d’extinction comme le Ptychochromis insolitus qui est devenu très rare à l’état sauvage. Le polleni, le Katria katria ou le Paretroplus menarambo sont très menacés par la pollution, l’introduction du tilapia, la pêche et la destruction des habitats. La majorité ne subsiste plus que dans la partie nord-ouest de l’île.
Amérique centrale
Entre le Mexique et le Panama évoluent plusieurs espèces de Cichlidae dont une partie des imposants spécimens du genre Cichlasoma (dont le cichlidé loup fait partie). L’Amérique centrale comporte treize éco-régions regroupant une centaine d’espèces.
Certaines d’entre elles se rencontrent également dans le sud des Etats-unis. On y trouve par exemple le fameux cichlidé Maya ou le Herichthys cyanoguttatus, endémique au Texas.
Au Mexique, le bassin de la rivière Usumacintra couvre une région étendue dans laquelle les biotopes ont été préservés. Un réseau hydraulique important, incluant de nombreux cours d’eau et torrents, abrite des espèces endémiques, certains Vieja (Vieja maculicauda), des Thorichthys (Thorichtys meeki) et les Theraps. Un projet de barrage est cependant à l’étude sur ce fleuve, sa réalisation aurait des conséquences négatives sur les trois réserves de la biosphères et les 18 aires hydrauliques protégées.
Les mêmes types de Cichlidae sont présents dans les rivières du Bélize, Guatemala, Honduras et Costa rica. On y rencontre également le genre Rocio qui comprend trois poissons dont le Rocio octofasciata.
Une vingtaine d’espèces, dont dix endémiques, sont présentes au Panama. Quelques Cichlidae spécifiques évoluent également dans les lacs et cours d’eau de Cuba et d’Hispaniola.
Amazonie & Orénoque
L’Amazonie constitue une source diversifiée de Cichlidae dont certains rappellent les formes de poissons de mer comme le scalaire ou le discus. L’oscar et le monoculus font partie des espèces les plus imposantes.
Les Cichlidae nains y sont très nombreux, répartis entre les différents systèmes fluviaux amazoniens :
Rio Negro, Tapajos, Xingu, Amazone, Orinoco, Araguaia, Tocantins, Madeira…
Les espèces du genre Apistogramma proviennent d’Amérique du sud (Apistogramma agassizii, Apistogramma cacatuoides, Apistogramma panduro…) ainsi que les Nannacara , les Crenicichla qui rappellent par leur forme certaines espèces marines ou encore les Geophagus.
L’Orénoque, le troisième fleuve mondiale en terme de débit, abrite lui aussi diverses espèces de Cichlidae comme les fameux ramirezi, le Cleithracara maronii, le Mesonauta egregius ou encore le Pterophyllum altum, un scalaire au corps élancé.
Asie
Deux genres de Cichlidae se rencontrent exclusivement en Asie, l’Iranocichla et les Etroplus.
L’Iranocichla hormuzensis, seul représentant de son genre, est un poisson très rare, endémique au détroit d’Ormuz en Iran. Il semble très menacé bien qu’aucune alerte n’est été émise pas l’UICN.
Le genre Etroplus comprend trois espèces de Cichlidae vivant en Inde et au Sri Lanka. Ils sont relativement proches du genre Paretroplus, endémique à Madagascar. Le plus fréquemment rencontré en aquariophlie est le Chromide Orange, un Cichlidae pouvant vivre aussi bien en eau douce qu’en eau saumâtre dans les estuaires.
En 2010, l’International Union for Conservation of Nature a classé 184 espèces de Cichlidae comme vulnérables, 52 en danger et 106 en danger critique d’extinction. 6 espèces sont notées officiellement comme disparues.
A propos de l'auteur
Benoit Chartrer est un membre fondateur et pilote le projet Fishipédia. Sorti d'une formation d'ingénieur en physique, il a progressivement changé de spécialisation en se tournant vers les technologies Web. Passionné de voyage et de biologie, il tient également un compte Instagram dédié à la photographie animalière.